Les Petits chaperons rouges

Description

Variante délirante et écologique du célèbre conte : la multiplication des horribles bestioles dans la forêt entraîne déséquilibres naturels, disparition des loups et des mères-grands. Il est grand temps de réagir !Couverture de Laurence Poilbout. Pyramide de chaperons rouges par Christian Soulignac. ExtraitPremière scèneDans la forêt, tout est calme… Les petits oiseaux gazouillent. En gros plan, des fougères et des fleurs…Soudain, un bruit épouvantable. Martèlement. Tout tremble…C’est un bataillon de Petits Chaperons rouges, leur panier en osier réglementaire contenant galette et petit pot de beurre bien rangés sous le torchon à carreaux rouges et blancs. Le visage dur, les lèvres pincées, le pas martial, ils avancent en rangs impitoyables…Après leur passage, quelle tristesse ! Tout est piétiné, ravagé ; fleurs écrasées, fougères arrachées, sentier défoncé… Rien ne résiste à la fureur des Petits Chaperons rouges.Un peu de culture scientifique Les Petits Chaperons rouges se reproduisent par scissiparité. Ce mot compliqué veut dire qu’au lieu de faire des enfants, ils se divisent en deux : à la fin de l’automne, le Petit Chaperon rouge s’endort, bien au chaud dans son terrier, gavé de bonnes galettes au beurre, et, au printemps, de la façon la plus naturelle du monde, deux Petits Chaperons rouges sortent gambader joyeusement dans l’herbe neuve et les aiguilles de pain frais.Autrefois, bien sûr, les loups – car il y avait encore des loups en ces temps bénis ! – en croquaient quelques-uns, panier, galette et petit pot de beurre en prime. C’est ce qu’on appelle l’équilibre des espèces : le prédateur (le loup) évitait ainsi la prolifération des Petits Chaperons rouges.Des loups…Le dernier loup, un vieux loup peureux, n’ose même plus en croquer un au détour du sentier. Il les regarde passer, claquant ses mâchoires délabrées l’une contre l’autre, de peur et de faim….et des Mères-Grands.Quant aux Mères-Grands, les pauvres ! Elles ont beau se cacher dans l’armoire, sous le lit, dans la cheminée (on en a même retrouvé coincées dans le téléviseur), rien à faire ! Il leur faut avaler la sempiternelle galette (un peu moisie) et le beurre (bas de gamme) que deux à trois cents Petits Chaperons rouges impitoyables leur fourrent de force dans la bouche. Elles regrettent amèrement le temps où elles se faisaient manger par les loups.Les promeneurs du dimanche, citadins innocents – comme vous et moi – sont réquisitionnés par les Petits Chaperons rouges quand il n’y a pas assez de Mères-Grands pour résorber les stocks de galettes et de petits pots de beurre, qui sont produits en quantité industrielle, ainsi que les paniers d’osier, dans de grands ateliers où s’activent des milliers de Petits Chaperons rouges.