Description
Par le Groupe alpin du Gros-Caillou
Format : 10,5 x 15 cm. 64 pages. Quadri.
Version PDF : znaya_web
Des montagnes étranges
Si les monts Znaya sont restés inexplorés pendant longtemps, ce n’est pas un hasard : l’accès au piémont est hérissé d’une jungle inhospitalière constituée d’épines venimeuses et de bestioles aux dents acérées.
Quelques voyageurs se sont pourtant hasardés en cette contrée. Notons le passage remarqué d’Ibn Battûta, le célèbre explorateur marocain, qui le premier a fatigué ses sandales sur le dur mica des chemins znayens. « C’est pitié de voir une telle masse de roches aussi peu assises », raconte-t-il dans le récit de son second voyage (1332-1346), au cours duquel il traversa les Balkans – dont la Seldavie et la Bordarie alors unifiées en un unique khanat – elles se partagent aujourd’hui cette vallée encaissée. Plus tard, l’explorateur belge Jules Vigne se rendit deux fois au Znaya ; il ne revint d’ailleurs pas de sa seconde expédition. C’est à lui que l’on doit une description à la fois précise et peu vraisemblable du massif. « Imaginez une masse hétéroclite de sommets informes, constitués de tout le rebut des roches de la Création : basaltes patibulaires, gneiss grincheux, schistes pouilleux, calcaires craquants ou ramollis par la fonte des glaciers, broghe (sorte de pâté minéral aussi peu ragoûtant que le breurk, le plat national). » C’est en ces termes peu engageants qu’il parle des entassements caractéristiques de la région dans son seul récit, rédigé au retour de sa première expédition, Premier Séjour dans les monts Znaya (Flûte éd., Bruxelles, 1882). Plus loin, il décrit une sorte d’illusion d’optique qui affecte les humains à proximité des monts : « Plus j’approchais, plus il me semblait que les sommets altiers étaient pris d’une sorte de mouvement fluidique jusqu’à un renversement complet des masses – sommet pointé vers le bas, base cherchant désespérément à accrocher les nuages indifférents. » Au retour de notre propre voyage, qui faillit s’achever de manière dramatique à la suite d’un différend avec une jeune bergère dont les brebis nous avaient attaqués, nous ne pouvons que confirmer l’impression ressentie par Jules Vigne d’une montagne en déliquescence, hantée par des monstres de brume, des fougères ricanantes et des humains menaçants.
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